À Retenir
- • L’érable rouge embrase les paysages avec ses teintes flamboyantes.
- • Le liquidambar offre un camaïeu chaud inégalé du jaune au violet.
- • Le ginkgo illumine les villes d’un jaune doré éclatant.
- • Les Faux de Verzy fascinent par leurs formes tortueuses et poétiques.
Lorsque les températures déclinent et que les jours raccourcissent, je m’accorde toujours un moment pour lever les yeux. Là, dans ce ciel pâle et silencieux, surgissent les couleurs de l’automne, vibrantes, chaleureuses, saisissantes. Chaque année, je pars à la rencontre des plus beaux arbres à admirer en cette saison — ceux dont le feuillage, d’une intensité presque irréelle, métamorphose le paysage en une fresque vivante. J’aime observer, contempler, photographier parfois, mais surtout ressentir cette poésie naturelle qui s’infiltre jusque dans les moindres nervures des feuilles. Je vous livre ici ma sélection personnelle des sept arbres que je trouve absolument magiques à l’automne. Certains sont monumentaux, d’autres discrets, mais tous ont cette capacité d’éveiller l’émerveillement.
L’érable rouge : un embrasement de couleurs
Parmi les arbres qui annoncent l’automne avec faste, l’érable rouge est sans doute le plus spectaculaire. Lorsque ses feuilles passent du vert au rouge rubis, à l’orange brûlé ou au pourpre profond, le spectacle devient hypnotique. J’ai un souvenir très net d’une allée d’érables du Japon dans un jardin public de Lyon, par une fin d’après-midi de septembre : le soleil rasant rendait les feuillages presque translucides, comme des vitraux. Une splendeur inoubliable.
Ce qui me fascine chez cet arbre, c’est sa capacité à se transformer totalement en quelques jours. Dans un jardin botanique ou au bord d’une avenue, il attire le regard et suscite l’admiration. Je recommande de chercher les érables palmatum pour leur feuillage délicat, presque ajouré, qui capte magnifiquement la lumière.
Le liquidambar : le feu d’artifice végétal
Le liquidambar styraciflua, ou copalme d’Amérique, déploie un feuillage qui évoque pour moi une palette d’artiste en pleine frénésie. J’ai découvert cet arbre dans un parc près de Bordeaux : un géant dont les feuilles, en forme d’étoile, s’étaient parées de teintes multiples allant du jaune vif au rouge sang, en passant par des nuances presque violettes.
Il y a dans le liquidambar une générosité chromatique rare. Ses feuilles persistent longtemps, et leur diversité de couleurs sur un même arbre est étonnante. Il aime les terres profondes, un peu humides, et prospère dans les climats doux. Pour qui cherche un tableau d’automne vivant, c’est un choix incontournable.
Le chêne : la force tranquille de l’automne
Je ressens toujours un profond respect devant un chêne. Il incarne la stabilité, la sagesse, et lorsqu’il se pare de ses tons chauds d’automne — dorés, brun roux, cuivrés — il révèle une beauté discrète mais puissante. Certains chênes pubescents dans les Causses m’ont souvent arrêtée en chemin, simplement pour le plaisir de contempler leur silhouette massive contre un ciel nuageux.
Il n’est pas dans la démonstration. Il préfère offrir un décor sobre, élégant, parfait pour contraster avec des espèces plus flamboyantes. Les chênes centenaires d’Allouville-Bellefosse, dans le Pays de Caux, m’ont touchée par leur dimension presque sacrée.
Le mélèze européen : la surprise dorée des montagnes
Il y a quelques années, en randonnant dans le Queyras fin octobre, j’ai eu une révélation. Sur les versants ensoleillés, des mélèzes dessinaient un manteau d’or liquide, vibrant sous la brise. Contrairement aux autres conifères, le mélèze est caduc : ses aiguilles virent au jaune avant de tomber. L’effet est absolument spectaculaire.
C’est un arbre de montagne, rustique, adapté au froid, que l’on trouve dans les Alpes, le Jura ou le Massif central. En automne, il devient lumière, et ses aiguilles forment au sol un tapis lumineux et doux, presque moelleux. C’est l’un des rares arbres dont je guette systématiquement la mue saisonnière.
Les Faux de Verzy : quand les hêtres deviennent sculptures
À quelques kilomètres de Reims, dans la forêt de Verzy, j’ai découvert un monde étrange. Là, s’élèvent des hêtres tortillards, appelés Faux. Leur tronc et leurs branches s’enroulent en volutes mystérieuses, comme si la forêt s’était figée dans un mouvement de danse. C’est un endroit qui inspire silence et contemplation.
En automne, ces arbres se parent d’un feuillage doré-vert très doux, mais c’est leur architecture qui captive. Marcher parmi eux, c’est entrer dans une fable ancienne. Ils offrent une expérience sensorielle unique, loin des grands frissons colorés, mais profondément marquante.
Le ginkgo biloba : l’arbre aux éventails d’or
Chaque automne, dans certaines rues de Paris, je fais exprès de passer devant les ginkgos. Leurs feuilles en forme d’éventail virent au jaune éclatant, créant des allées entières baignant dans la lumière. Le ginkgo biloba est un arbre ancien, presque fossile vivant, qui a survécu à tout, même aux bombardements d’Hiroshima. Et pourtant, il reste l’un des plus gracieux à mes yeux.
Planté en milieu urbain, il s’adapte à la pollution et résiste à tout. En automne, il tapisse le sol d’un or fin, et son feuillage semble capturer la moindre parcelle de soleil. Il faut le voir sous un ciel gris pour en mesurer toute la puissance lumineuse.
L’alisier de Fontainebleau : la discrétion qui séduit
Moins connu, plus confidentiel, l’alisier de Fontainebleau mérite pourtant qu’on s’y attarde. C’est un arbre qui se fond dans les forêts franciliennes, discret, presque effacé. Mais à l’automne, ses feuilles prennent des tons roses, orange clair, cuivrés — tout en nuances. J’aime le croiser dans une clairière, sans bruit, comme une surprise.
Il s’intègre aux paysages sans éclat mais avec distinction. Pour les amoureux des sous-bois feutrés et des détails subtils, c’est un compagnon parfait. Je l’ai découvert en m’éloignant des sentiers battus dans la forêt de Fontainebleau, lors d’une promenade solitaire.
Conseils pour admirer les feuillages d’automne
L’automne se mérite. Il faut apprendre à lire les signaux de la nature : un matin plus frais, une lumière rasante, un changement d’odeur dans l’air. Pour profiter pleinement de ces arbres fabuleux, j’ai quelques habitudes que je vous partage.
Tout d’abord, sortir tôt le matin ou en fin de journée : c’est à ces heures que les couleurs vibrent le plus. Ensuite, choisir des lieux variés — parc urbain, forêt profonde, jardin botanique — pour observer la diversité des feuillages. Enfin, marcher lentement, prendre le temps, s’attarder. Car le spectacle n’est jamais figé : il évolue, jour après jour, presque heure par heure.
Et si l’envie vous prend d’en planter un chez vous, choisissez une essence adaptée à votre sol et à votre climat. Car ces arbres, au-delà de leur beauté, sont aussi des compagnons de vie, des marqueurs de saisons, des messagers silencieux d’un monde qui change.